« Je pense que les peuples ont pris conscience du fait qu’ils avaient des intérêts communs et qu’il y avait des intérêts planétaires qui sont liés à l’existence de la terre, des intérêts que l’on pourrait appeler cosmologiques, dans la mesure où ils concernent le monde dans son ensemble ».
Pierre Bourdieu (1992)


lundi 15 avril 2024

Loïc Wacquant, Jim Crow. Le terrorisme de caste en Amérique

 

 

Loïc Wacquant

Jim Crow

Le terrorisme de caste en Amérique 

Raisons d'agir

Cours et Travaux

2024



Présentation de l'éditeur

On associe la notion de caste avec l’Inde brahmanique mais, dans le Sud des États-Unis entre les années 1890 et 1960, les Noirs, descendants d’esclaves, étaient traités comme une sous-caste, véritables « intouchables » dans le pays berceau de la démocratie. Jim Crow est le nom communément donné au système de domination raciale qui les tenait sous son emprise féroce et contre lequel le Mouvement des droits civiques de Martin Luther King s’est insurgé. Mais en quoi consistait-il au juste et comment fonctionnait-il ?
Loïc Wacquant dresse un bilan historique méticuleux visant à construire un modèle sociologique rigoureux de ce régime. Il montre qu’adossé au mythe de « la goutte de sang noir » bannissant le métissage, il se composait de quatre éléments étroitement imbriqués : une infrastructure économique de métayage virant à la servitude pour dettes ; un noyau social fait de duplication institutionnelle et d’exigence de déférence permanente des Noirs envers les Blancs ; et une superstructure de privation des droits politiques et judiciaires. Mais les Afro-Américains n’ont jamais acquiescé à ces trois mécanismes d’exploitation, de subordination et d’exclusion. Il a donc fallu les sécuriser au moyen d’un quatrième élément, la violence terroriste, violence protéiforme (intimidation, agression, viol, chasse à l’homme, pogrom, fouettage, lynchage et torture publique, mais aussi arrestations arbitraires, embastillements abusifs et exécutions hâtives du côté de la loi) qui plane sur chaque interaction sociale entre Blancs et Noirs et qui peut frapper à tout moment avec impunité pour communiquer un message politique strident : l’impériosité de la suprématie blanche.
Ce livre lucide et révélateur est une invitation urgente à repenser de fond en comble les rapports historiques mais aussi contemporains entre caste, justice et démocratie en Amérique ainsi que dans les pays qui, redécouvrant leur passé colonial, se débattent aujourd’hui avec la « question raciale ». Il est certain de changer l’idée que le lecteur se fait de la race, du terrorisme et de la démocratie en Amérique.

Loïc Wacquant est professeur de sociologie à l’université de Californie, Berkeley, et chercheur associé au Centre européen de sociologie et de science politique, Paris. Ses livres sont traduits en vingt langues et comprennent Invitation à la sociologie réflexive (avec Pierre Bourdieu, 2014), Les Prisons de la misère (2015), Voyage au pays des boxeurs (2022) et Misère de l’ethnographie de la misère (2023).

 

mardi 2 avril 2024

Christophe Charle, L’Europe des intellectuels. Figures et configurations, XIXe-XXe siècles

 

Christophe Charle

L’Europe des intellectuels

Figures et configurations, XIXe-XXe siècles

CNRS

Culture et société

2024

 

 

Présentation de l'éditeur

Comment la catégorie d’intellectuel s’affirme-t-elle dans l’espace public en France et en Europe ? Pourquoi passe-t-elle régulièrement par des cycles d’exaltation puis de dénigrement – de sorte que les intellectuels sont rendus responsables des crises que traversent certaines nations au XIXe comme au XXe siècle ? À quel point ces derniers contribuent-ils, par leurs œuvres, leurs circulations, leurs pratiques, à construire une Europe de la culture en dépit de la montée des forces nationalistes ?
Pour répondre à ces interrogations, l’auteur propose une approche renouvelée de figures majeures des deux derniers siècles. Ainsi de Goethe et Émile Zola, écrivains à la renommée véritablement continentale ; de deux musiciens, Hector Berlioz et Franz Liszt, qui s’efforcent, en circulant dans toute l’Europe, de doter leur art de la même autonomie que la littérature ; d’écrivains (Paul Valéry, Jules Romains…), ou d’universitaires (Charles Seignobos, Marc Bloch, Norbert Elias) confrontés à la « guerre civile européenne ».
La diversité de ces cas et des configurations dans lesquelles ils s’inscrivent permet d’éclairer les tensions constitutives d’une Europe où les échanges, en dépit de leur intensité croissante, sont toujours fragmentés et décalés, les dialogues perturbés par les préjugés et les malentendus. Les intellectuels eux-mêmes, divisés entre leur appartenance nationale et leur aspiration à dépasser les frontières, doivent à chaque époque reprendre leur combat pour l’universalisme face à de puissantes barrières économiques, politiques et idéologiques.

 

Historien des cultures et des sociétés européennes, professeur émérite à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, membre honoraire de l’IUF, Christophe Charle a publié de nombreux livres dont certains d’ores et déjà considérés comme des classiques : Naissance des « intellectuels » (1880-1900) (1990), La Crise des sociétés impériales, 1900-1940 (2001) ou La Dérégulation culturelle, histoire des cultures en Europe au XIXe siècle (2015).

 

 

 


mercredi 20 mars 2024

Traduction: Pierre Bourdieu, CURSO DE SOCIOLOGÍA GENERAL 3 Y 4 . El mundo social como objeto de luchas. Collège de France, 1984-1985 y 1985-1986

 

 

 

Pierre Bourdieu

CURSO DE SOCIOLOGÍA GENERAL 3 Y 4

 El mundo social como objeto de luchas

 Collège de France, 1984-1985 y 1985-1986

Siglo XXI

2024 

 

 

 

Présentation de l'éditeur

Traducción: Horacio Pons

Cuando ingresa al Collège de France en 1982, Pierre Bourdieu está especialmente interesado en reelaborar sus propios conceptos con vocación de síntesis y divulgación. Por eso, decide dedicar nada menos que cinco años a un curso de sociología general. Si en los primeros cursos se concentra en las nociones de habitus y campo, en el presente volumen, que corresponde a los últimos dos años, pone el foco en el poder, es decir, en los modos en que se distribuyen las diferentes especies de capital el económico, el cultural en cada campo del mundo social: el artístico, el científico, el político, el jurídico, el religioso. Quien habla en estas clases es un Bourdieu preocupado por la embestida neoliberal, que se traduce en desempleo masivo y estigmatización creciente de los inmigrantes. Contra las perspectivas ingenuas que preguntan quién gobierna, dónde están las clases dominantes o las personas poderosas, si el poder viene de arriba o de abajo, Bourdieu nos invita a abandonar las miradas complotistas, las que ven de un lado una manipulación incesante y, del otro, la servidumbre voluntaria, la complicidad o la traición. Si el poder simbólico solo se ejerce con la colaboración de quien lo sufre, hay que reconstruir el sistema de relaciones en que se sostiene y analizar en detalle cómo funcionan el carisma y el consentimiento generalizado. Porque solo hay revolución posible social, económica, artística si se ponen en cuestión los puntos de vista dominantes. A partir de ejemplos y citas que administra magistralmente para captar la atención de sus estudiantes, Bourdieu disecciona el mundo social como un lugar de luchas por imponer la visión legítima y correcta, con el capital simbólico como arma privilegiada. Radiografía deslumbrante del fetichismo del poder, este libro culmina una empresa intelectual que sigue siendo inspiración y herramienta para las ciencias sociales. 

 
 

samedi 2 mars 2024

Louis Pinto, Le marché des idées. Les sciences humaines et leurs lecteurs

 

 
Louis Pinto

Le marché des idées

Les sciences humaines et leurs lecteurs

du Croquant

Champ social

2024



Présentation de l'éditeur

Les sciences humaines (philosophie, histoire, sociologie, ethnologie, économie, géographie, etc.) sont d’abord des disciplines savantes, matière à enseignement et recherche. Hors des circuits universitaires, elles sont en général abordées à travers des auteurs, des figures illustres célébrées dans les médias.
Mais elles n’ont guère été envisagées en fonction de leurs lecteurs. Qui sont ces gens ? Que lisent-ils et comment lisent-ils ?
Pour répondre à ces questions, une enquête a été nécessaire qui repose sur des questionnaires et surtout sur des entretiens approfondis. Elle vise d’abord à comprendre les différences entre lecteurs savants et lecteurs profanes, leurs choix et leurs critères de jugement.
Alors que les premiers sont redevables de la discipline qui les a formés et qui guide leurs pratiques professionnelles, les seconds sont disponibles pour des lectures qu’on peut appeler libres, dans la mesure où elles sont déliées des règles scolaires. Les lecteurs profanes apprécient des livres qui ne sont ni trop commerciaux (ceux des « intellectuels médiatiques ») ni trop « universitaires » et qui sont censés apporter une « rupture », un « ébranlement » dans les façons de penser : c’est précisément ce que proposent ou promettent éditeurs, libraires et critiques de livres. Les lectures libres permettent à la plupart des lecteurs d’accéder, hors du cadre des disciplines, à ce qui constitue, à leurs yeux, les marques de la condition d’intellectuel : la « pensée » (attribut, par excellence, du philosophe) et les causes intellectuelles (des thèmes de débats politico-idéologiques ayant accédé au statut d’objet intellectuel).
L’enquête sur les lecteurs est l’un des moyens de mettre en lumière le fonctionnement d’un marché des idées soumis au poids croissant d’autres univers, ceux de l’édition, de la presse et de la politique.

Louis Pinto,  sociologue, est directeur de recherche émérite au CNRS.

 

 

mercredi 28 février 2024

Jean-Baptiste Comby, Ecolos, mais pas trop… Les classes sociales face à l'enjeu environnemental

 


Jean-Baptiste Comby

Ecolos, mais pas trop… 

Les classes sociales face à l'enjeu environnemental

Raisons d'Agir

Raisons d'agir

2024

 

 

Présentation de l'éditeur

Le capitalisme menace la vie sur terre. Aucune issue technique à ce constat. Les usages destructeurs des ressources naturelles sont inscrits au plus profond des structures sociales : école, travail, propriété, marché, etc. Ils forgent des conditions de classe écologiquement inégales et antagoniques.
Ce livre montre qu’une écologie politique véritablement transformatrice doit avoir pour horizon la refonte des cadres fondamentaux de la vie sociale qu’exige l’invention d’une société respectueuse des limites planétaires.

Jean-Baptiste Comby est sociologue. Il a publié en 2015 La question climatique. Genèse et dépolitisation d'un problème public aux Editions Raisons d’agir.
 

 

jeudi 22 février 2024

Revue Savoir/Agir n° 63, L’engagement sociologique

 

 

Revue Savoir/Agir n° 63, L’engagement sociologique

du Croquant

2024

 

Présentation de l'éditeur

Parce qu’elle cherche à représenter et à rendre compte du monde social ou de tel ou tel de ses aspects, la sociologie est inévitablement prise dans les luttes symboliques (scientifiques, politiques, médiatiques) qui ont pour enjeu la vision légitime du monde social. C’est pourquoi l’engagement sociologique n’est au fond qu’une façon de tirer les conséquences d’un état de fait. Mais cette forme d’engagement porte elle-même à conséquences. Outre qu’elle implique la défense de l’autonomie de la recherche contre les tentatives récurrentes d’arraisonnement politique, elle impose un devoir de réflexivité qui a pour corollaire un devoir de scientificité. Le souci de préserver la spécificité de l’engagement sociologique impose, en effet, de ne pas réduire la tâche du sociologue à celle d’un militant comme un autre. Il ne s’agit pas seulement, en effet, de positions à prendre ou d’indignation à faire entendre, mais de choses à savoir et à comprendre. C’est pourquoi l’engagement sociologique, loin d’affranchir des contraintes et des compétences exigées des chercheurs, implique la défense des valeurs de vérité et de désintéressement qui sont celles de la science.

 

sur Cairn.info

Page 5 à 7
Page 9 à 18
Page 19 à 36
Page 37 à 53
Page 55 à 63
Page 65 à 71
Page 73 à 78
Page 79 à 88
Page 89 à 100
Page 101 à 113
Page 115 à 129

Culture

Page 131 à 143

Paroles

Page 145 à 152

Varia

Page 153 à 159

 





vendredi 16 février 2024

Valentin Behr, Science du passé, politique du présent. La politique historique en Pologne

 


Valentin Behr

Science du passé, politique du présent

La politique historique en Pologne

du Croquant

Action publique

2024

 

 

Présentation de l'éditeur

À rebours du sens commun et de certains travaux universitaires, qui voient l’histoire et les historiens comme des victimes de l’instrumentalisation politique du passé, ce livre étudie les modalités de la participation active des historiens à ces usages. Incontournables dans les débats politiques et médiatiques, présents dans les conseils scientifiques d’une variété d’institutions publiques, parfois mêmes élus ou conseillers du prince, ils apportent un concours indispensable à la politisation des discours sur le passé. Cette participation est étudiée à partir des politiques historiques portant sur les passés dits totalitaires (nazi et communiste) en Pologne, qui sont appréhendées à deux niveaux. Celui des pouvoirs publics, qui tentent d’exercer un contrôle sur la recherche historique, auquel les historiens doivent s’adapter en élaborant des stratégies variées. Et celui des historiens eux-mêmes.

Cette enquête socio-historique, qui combine sociologie de l’action publique et sociologie des intellectuels, apporte des éclairages originaux sur les conditions de l’autonomie des sciences humaines et sociales, ainsi que sur les formes de l’engagement des savants.

Valentin Behr est chargé de recherche en science politique au CNRS. Il est rattaché au Centre européen de sociologie et de science politique (CESSP – UMR 8209). Ses travaux portent sur les politiques historiques et de mémoire, la sociologie des intellectuels et l’histoire des idées.